L’intégralité des cahiers était à l’origine en possession du général Mellinet : cet officier, qualifié à l’époque par le général Vanson de « glorieux balafré » commandait à Magenta les Grenadiers de la Garde Impériale. Ce soldat, lieutenant dans les gardes nationales en 1813, fut rapidement incorporé au 88e régiment d’infanterie de ligne en 1814 puis, rejoignait à la fin de cette même année le 96e de ligne. Licencié en 1815, il réintégra l’armée en mars 1816 au sein des légions départementales. Placé dans un premier temps au 5e léger en 1823, il entrait en 1828 au 5e régiment d’infanterie de la Garde Royale. Capitaine au 14e de ligne en 1830, il passait chef de bataillon au 35e de ligne en 1839 puis commandait le 5e bataillon de chasseurs à pied en 1840. Son ascension se poursuivit en 1842, année au cours de laquelle il devint lieutenant colonel du 41e de ligne. Deux ans plus tard, il passait au 32e et devenait finalement colonel du 1er régiment de la légion étrangère en 1846. Commandant la subdivision de Sidi-bel-Abbès en 1848, il était général de brigade en 1850.
Il prit la tête de la 1re brigade d’infanterie de la Garde Impériale à l’armée d’Orient en 1855. Général de division, il conservera le commandement de l’infanterie de la garde en 1855 lors de sa restructuration au retour de Crimée.
En août 1870, il commande les dépôts de la Garde Impériale à Paris et se retrouvera en réserve en 1871. Ce n’est qu’en 1878 qu’il touche définitivement sa retraite. Blessé à la bataille de Paris en 1814, il reçut un coup de lance à la cuisse au blocus de Metz en 1815, puis un coup de feu au blocus de Saint-Sébastien en 1823. C’est un éclat d’obus qui le marqua sérieusement à la joue pendant l’assaut de Sébastopol en 1855. Il reçut tour à tour tous les grades de la légion d’honneur, pour obtenir la grand-croix en 1859 ; il était titulaire de la médaille de Sainte-Hélène et portait un grand nombre d’ordres étrangers prestigieux. Il était membre de l’association de la Sabretache. Né le 1er juin 1798, il décède en janvier 1894 il avait 96 ans !
Le général était un très fin bibliophile, il fit d’ailleurs don de la majorité de ses ouvrages au dépôt de la guerre, mais conserva quelques pièces exceptionnelles qu’il eut plaisir à consulter jusqu’à sa disparition. Il aimait à s’entourer de personnes ayant goût pour l’uniforme militaire, et c’est sans retenue qu’il autorisait la consultation et même la copie d’une partie de ses ouvrages. Dans les premières années d’existence des carnets de la sabretache, en 1893 pour être plus précis, le général Vanson, avec l’accord du général Mellinet, publia des extraits de ces carnets sous le titre « la Garde Consulaire ». Il se limitait à 4 pages de texte ; en 1895, 6 autres pages furent publiées et à cette occasion, le maître Edouard Detaille offrit deux dessins aquarellés au membre de l’association ; ces œuvres illustraient cet extrait en s’inspirant des fameux ordres.
Mais la partie la plus importante restait inconnue du grand public !
Lors du décès du général Mellinet, les registres furent acquis par un autre collectionneur privé. Ce dernier, ami du lieutenant-colonel Titeux, l’autorisa à recopier tous les extraits lui paressant dignes d’intérêt. Et c’est au cours du mois de janvier 1899, que Titeux retranscrit suivant ses propres mots : « la totalité des ordres intéressant l’organisation et les uniformes de la cavalerie de la Garde Consulaire ». Il précise qu’il n’a pas donné l’arrêté des Consuls du 21 Fructidor An VIII et celui du 9 Vendémiaire An XI présents au début du 1er cahier et à la fin du 7e. Nous pouvons donc raisonnablement penser que cette copie fut très complète.
En 1910, le peintre Ernest Fort reprenait et illustrait ce texte à l’aide de 26 aquarelles présentant et illustrant les divers ordres vestimentaires indiqués dans les carnets, ce qui permis de visualiser rapidement la mise en pratique des ordres. En publiant ces carnets, nous avons respecté les tournures de phrases quelques fois approximatives utilisées dans le texte original, ainsi que certains mots n’existant plus aujourd’hui ; nous nous sommes simplement autorisé quelques corrections orthographiques et nous avons vérifié la bonne chronologie des textes.
À la suite, nous trouverons dans un premier temps, une chronologie historique, reprenant la situation de Bonaparte et de certains évènements mis en parallèle avec les dates citées dans les cahiers. Ce travail permettra de suivre au plus près l’emploi du temps de l’unité par rapport à la vie politique du pays.
Nous aborderons ensuite une rétrospective des décrets et ordres divers traitant de la cavalerie de la Garde des Consuls, ces textes complétant par des informations officielles le contenu des carnets.
Nous poursuivrons cette publication en donnant les états de service des officiers cités dans les carnets : notons qu’il existe quelques lacunes, les archives de la guerre ne possédant pas (ou plus) les dossiers de certains militaires.
Vincent Bourgeot
Préface de Michel Kerautret, plus de 400 pages de documentation jamais publiée, illustrations inédites, états de services et index.
Tirage limité à 250 exemplaires
Parution : 2 décembre 2023